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05/03/2007

Relever le défi de la révolution numérique en 3D, le point de vue de Bernard Charlès, DG de Dassault Systèmes

Avec les nouveaux outils numériques de développement et de gestion du cycle de vie des produits en trois dimensions (3D), le monde industriel a entamé sa dématérialisation et de nouvelles règles de partage de valeur s'établissent. Cette révolution concerne l'ensemble des processus scientifiques et techniques qui contribuent à donner naissance aux produits les plus sophistiqués et les plus innovants.
La 3D pour imaginer, concevoir, inventer, apprendre, produire... Grâce à ses fonctionnalités de modélisation et de simulation, elle permet de repousser la réalisation du produit physique au dernier moment. Le monde virtuel se confond alors avec le futur du monde réel. Comme la dématérialisation monétaire a permis de fluidifier les transactions financières, la dématérialisation de l'industrie va profondément modifier les règles de partage de la valeur, de la connaissance, de l'apprentissage et le travail des ingénieurs. Cette révolution se déroule aujourd'hui à l'échelle planétaire. Elle concerne tant l'enseignement technique et scientifique que la recherche.


Aujourd'hui, un grand nombre de produits est créé à l'aide de nos logiciels de conception 3D : des bouteilles de shampooing aux satellites, avions, voitures, téléphones portables ou la conception du musée Guggenheim de Bilbao. Avant de naître au monde physique, tous ces produits ont existé virtuellement, dans une représentation en trois dimensions parfaite, avec tous les avantages que permettent la capture d'un savoir-faire réutilisable, l'anticipation de problèmes potentiels ou l'optimisation des ressources. Notre mission est simple : que tous les biens physiques soient conçus numériquement en 3D, avec des outils performants permettant de gérer et d'optimiser tant les produits que leurs processus de fabrication. La simulation 3D doit aider à créer des produits meilleurs pour l'humanité et son environnement.
Aujourd'hui, en France, nos enfants sont encore formés au dessin industriel. C'est une hérésie, quand on connaît la 3D et sa simplicité de représentation. Les modifications des méthodes de travail que permet la 3D vont bien au-delà de la conception de produits. Elles touchent l'ensemble du système de production et de la chaîne industrielle. Les logiciels 3D permettent d'optimiser les produits, d'éliminer les dysfonctionnements et les erreurs de production, et donc de diminuer la durée du cycle de fabrication. Il en résulte une amélioration considérable du savoir-faire et des performances industrielles.
Nous avons baptisé cette démarche « gestion du cycle de vie du produit » (en anglais, « product lifecycle management » ou PLM). Avec le PLM, on se donne les moyens de transformer son activité et ses méthodes de travail. De nombreux industriels ont bien compris cela. Les outils PLM modifient la chaîne de création de valeur. Auparavant, l'ensemble du savoir se trouvait intégré dans le produit final. Aujourd'hui, le logiciel s'enrichit en permanence de nouveaux savoir-faire qu'on peut capturer, stocker, partager grâce au monde virtuel, à la simulation des processus de fabrication, à la collaboration. C'est désormais ce capital précieux pour l'entreprise, incorporé dans le processus de fabrication qui fait le succès industriel et marketing d'un produit.
Ces évolutions nous invitent à repenser l'entreprise de demain sous ses aspects humains et organisationnels : nouvelles méthodes d'apprentissage, nouveaux acteurs et nouveaux modes de leadership. Le savoir-faire n'est plus local mais généralisable, et les progrès peuvent être partagés auprès de tous. L'innovation prend un caractère éminemment collectif. Passer d'une approche individuelle à une démarche collaborative de partage des connaissances, tel est le véritable défi du monde de demain !
L'avenir de notre économie, selon moi, se construira par le biais d'un ensemble d'alliances au-delà des frontières, dans le cadre d'intérêts communs pour inventer et créer. Cela suppose de travailler dans un monde ouvert, où clients, partenaires, universitaires et chercheurs se côtoieront, qu'ils soient à la fois complémentaires ou concurrents. C'est un pari à engager, c'est un choix stratégique. L'innovation collaborative, c'est l'ajustement permanent d'un écosystème créateur de valeur. Ce sont ceux qui se prêteront les premiers à cette transformation des mentalités qui seront les plus compétitifs à l'avenir.


BERNARD CHARLÈS est directeur général de Dassault Systèmes.

Source : Les Echos N°19681 du 06 Juin 2006

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